Citations
Ce jour-là, j’ai bien cru tenir quelque chose et que ma vie s’en trouverait changée. Mais rien de cette nature n’est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu’on porte en soi, devant cette espèce d’insuffisance centrale de l’âme qu’il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le plus sûr.
Nicolas Bouvier,l’usage du monde
Elle était seule et cela ressemblait à une partie de plaisir : l’ourse se couchait sur le dos, levait les pattes et descendait le névé puis se redressait et remontait. Elle se roulait encore et encore, jouissant des bienfaits du froid…Mon angoisse s’évapora dans ce délice partagé et, depuis une demi-heure, Edgeoya ne me semblait plus si loin du paradis.
David Roberts, Quatre contre l’Arctique, Editions Guerin, 2006
L’ours conduit les âmes de ceux dont il croise le regard à l’épicentre des mystères polaires.
….toute mémoire élue s’en souvient probablement jusqu’à la tombe.
Michel Onfray, Esthétique du pole nord
Ce cavalier des banquises, ce chien de Dieu, qui a la force de douze hommes et la finesse de onze, disent les gens du froid qui le respectent au point d’affirmer qu’il est presque un Esquimau, fait chaque année le tour du froid sans poétiser. Dans le seul but d’atteindre une proie à engloutir.
Pierre Perrault, Le mal du Nord, éditions Vent d’ouest, 1999
L’ours arrivé au bout de la bande de terre limitant notre lagune décide de s’y aventurer. Quelle souplesse ! Il glisse sur la glace, étire ses mouvements jusqu’à ramper lorsqu’il la sent fragile…Nous le suivons longtemps des yeux.
Eric Brossier, France Pinczon du sel, Circumpolaris, éditions Glénat, 2007